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Vue-du-ciel
20 avril 2010

11_____ Lucille.

LUCILLE

 

Je le regarde passer, ce mec est juste trop canon. Le fait qu’il soit aussi froid en permanence, lui rajoute un côté mystérieux, que j’adore littéralement. En fait, il ne m’a jamais adressé la parole.

Je l’aime que pour son physique, mais au moins j’ai le courage de me l’avouer. Sébastien, il est grand, il a les cheveux un peu longs, mais pas trop, frisés, il a en permanence un casque audio vissé sur les oreilles et il fait de la basse. J’ai une cinquantaine de photos de lui sur mon portable, s’il l’apprenait, je ne sais pas comment je réagirais. Je mourrais de honte, sans doute.

-Tu regardes toujours Sébastien ? s’étonne Marie, me tirant de ma contemplation béate.

-Ahh oui, il est trop beau…

-Je trouve pas, lâche Camille, de sa voix toute douce. C’est surtout qu’il ne parle jamais, en fait.

-Oui, je suis pas sûre de l’avoir déjà entendu, depuis le début de l’année, renchérit Marie.

-Ah vos gueules. Je m’en fous, il est beau, moi ça me suffit.

-Il a pas de copine au moins ?

-Non, c’est pas possible qu’il en ait une ! Je sais qu’il en a pas.

-Vu comment tu l’espionnes aussi…

-Si ça se trouve il est gay, intervient Yohann, un fort accent russe perçant dans ses intonations.

-Il est pas gay ! je m’offense.

-Pagaie, pagaie… marmonne Gilles en mimant le geste.

La blague est vraiment pourrie, mais tout le monde rigole, bien entendu.

Yohann et Marie partent. Peut-être ont-ils à faire. Je m’en fiche. Ce que font les autres ne m’intéresse pas en général. C’est sans doute une preuve d’égocentrisme, ou tout simplement et plus malheureusement d’apathie. Je n’aime pas Marie, de toute façons, elle est tellement vantarde, c’en est désespérant. Quant à Yohann, il peine à aligner trois mots en français, ce qui n’aboutit pas à des conversations incroyablement profondes et enrichissantes. Je m’ennuie.

Je tire sur mes bracelets constitués de perles de bois colorées, ou plastifiées, quand ce ne sont pas des ficelles tressées ou des anneaux d’argent. Je m’ennuie.

Gilles essaye d’intéresser Camille en balançant quelques vannes qui me font sourire, bien malgré moi. Si la nature ne l’a pas doté d’un physique hors du commun, elle lui aura au moins attribué une nature gaie et sociable, qui attire la sympathie des autres.

Camille, elle, est belle. Moins que Lucia, mais elle est belle. Grande, bien formée, elle a un visage doux qui se marie parfaitement avec sa personnalité posée et agréable.

Clara arrive. Elle aussi est jolie. Enfin, je la connais trop bien pour pouvoir réellement la juger sur ce plan. Je sais qu’elle l’est encore moins que ce que Camille est à Lucia, mais je pense réellement que ses traits sont sans doute un peu trop fins, mais harmonieux. Peut-être moins ces temps-ci.

Parce qu’elle a effroyablement maigri. En l’espace d’à peine deux semaines, elle a dû perdre cinq kilos. C’est trop en peu de temps pour une fille à peine sortie de l’enfance. Pour n’importe qui, en fait. Et cela se voit. Son visage est émacié, laisse transparaître une grande fatigue, son expression est presque constamment lasse, sa peau est presque translucide. Elle tousse, tout le temps.

-Luciiille ! s’exclame-t-elle, presque dynamique.

-Claraaaaa, je marmonne.

-Oh Lucille, j’ai complètement oublié de t’en parler hier, mais tu sais, la soirée de Annie ?

-Quoi ?

-Ca à complètement raté ce qu’il paraît…

-Ouais j’suis au courant ! Non, mais tu sais, Julie devait y aller…

-Geeenre ? Oh mais c’est pas vraiment son monde ce genre d’évènements…

-Pire. Tu sais quoi sur cette fête ?

Je pense que je peux dire que Clara est ma meilleure amie. Les gens s’étonnent de nous voir rester ensemble. Nos personnalités diffèrent complètement, c’est vrai. Je suis calme, limite flegmatique, tandis qu’elle est une véritable boule d’énergie, toujours heureuse. Mais sa seule présence suffit à me dérider, une certaine alchimie règne entre nos deux personnes. Nous nous attirons comme les deux pôles d’un aimant.

Je m’éloigne alors de Gilles et Camille, pour parler plus tranquillement avec Clara. On rit, on se confie, avec elle le véritable sens du mot amitié prend tout son sens. Mais si les poignets rachitiques qui illustrent ses propos me glacent le sang.

-Il faut que je m’achète un nouveau parfum, le mien est presque vide, dit-elle.

-Oh, l’autre jour je suis allée à Séphora, j’ai trouvé un échantillon du parfum de Pete Doherty, attends il est dans mon sac…

Je commence à farfouiller dans le fond de mon cabas.

-Mais tu sais je m’en fous du parfum de Pete Doherty…

-Clara tais-toi ! Ah ça m’énerve, je ne le retrouve plus, je vais être obligée d’y retourner…

La sonnerie retentit, au loin.

-Bon, ‘faut qu’on monte.

-Attends j’finis ma clope…

-Ok, dépêche-toi !

-T’es marrante toi… Bon, c’est bon, on bouge.

Nous gravissons les marches qui mènent à l’établissement, quand Clara est prise d’une violente quinte de toux.

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  • Quelques écrits, griffonnages, sans prétention aucune, tout simplement pour le plaisir de s'évader, même si ce n'est que le temps d'un chapitre. Writing is my passion. Writing is my best friend. Writing is my drug. Writing is my girlfriend.
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