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Vue-du-ciel
19 avril 2010

10____ Gilles.

-… Mais j’veux pas sortir avec elle.

-Ouais, genre. Elle est trop mignonne cette fille, enfin moins que sa copine là, Lucia, mais bon, avoue, elle est pas mal !

-J’avoue… J’la préfère à Lucia en fait.

-Arrête, elle est trop belle cette meuf, elle me fait penser à la fille de la pub pour Stéfane devant le Super U.

-J’aime trop tes références...

-Mais j’ai raison. Mais bon… Camille ? T’en penses quoi ?

-Bah elle est sympa… Et puis arrête tu me gonfles. T’as un mec en vue toi ?

-Ouais ! Tu sais pas, l’allemand qui est arrivé y’a à peine une semaine, Hans, il est bien non ?

Je tente de mettre un visage sur ce prénom, ce qui nécessite un temps de réflexion.

-Le gars brun qui jongle souvent avec Evan devant le bahut ?

-Oui oui, celui-là.

-Ah je vois, celui qui a une espèce de chaussette sur la tête.

-T’es con, c’est pas une chaussette ! s’exclame Océane. Il a du style.

Nous arrivons devant la maison de Camille. Cette dernière nous attend, assise sur un muret qui borde le trottoir. Elle est jolie, certes, mais je lui trouve un quelque chose de spécial qui fait toute la différence.

-Salut !

La voix d’Eléonore la tire de ses pensées, elle sursaute et se tourne vers nous.

-Ca va ?

Je me penche pour lui faire la bise. Je ne surpasse que de très peu son mètre 72. Sa joue vient caresser la mienne, elle est douce de fond de teint, mais légèrement granuleuse.

-Ouais, la forme, et toi ? m’enquis-je.

-Oui, oh tu sais pas, Anaëlle m’a appelé hier soir. Elle est partie de chez elle.

-Anaëlle ? La pute qui a redoublé sa 5ème, avec des lunettes à la Camélia Jordana ? intervient ma sœur, toujours très classe.

-Non mais elle est vachement sympa, objecte Camille.

-Pff, bah voyons…

-Bon ta gueule Eléonore, je lui souffle discrètement, par peur que Camille ne se vexe. Pourquoi elle est partie de chez elle ?

-Elle avait des problèmes avec sa mère… Enfin, tu vois de quoi je parle. Bref, elle n’en pouvait plus, elle a lui piqué de l'argent ou des bijoux, je crois, et elle s’est barrée chez son père. C’est fou, quand même…

-Ah ouais… Mais elle s’est disputée avec sa mère ? J’sais pas, partir comme ça, c’est pas rien quand même…

-Je crois qu’elle était à bout, surtout ces temps-ci, tu sais, elle a rompu avec Simon samedi dernier…

La conversation alla bon train, entrecoupée de temps à autre par les réflexions perfides d’Eléonore, qui se tint néanmoins relativement silencieuse.

L’air sentait bon l’été. Les chemisiers, robes et autres tissus légers étaient de mise. Camille arborait un haut rouge à manches courtes en soie, et un pantalon en toile blanc. Eléonore avait un débardeur noir un peu trop moulant, qui ne valorisait pas franchement ses formes, et un sarouel blanc. Moi, je portais un vieux T-shirt vert délavé, et un jean simple.

Comme tous les matins, nous avons coupé par le grand parc, la chaleur du soleil commençait juste à éclipser la fraîcheur matinale, et des gosses étaient déjà en train de s’amuser aux fontaines, tandis des vamps avaient d’ores et déjà pris possession des bancs qui entouraient l’aire de jeux.

Notre trajet débouchait ensuite dans une des rues principales de la vieille ville bordée de magasins de fringues, de marchands de glace, de librairies, ou encore de restaurants.

Nous arrivons finalement au collège. C’est un lieu composé de deux grands bâtiments rectangulaires, et d’un gymnase situé plus en hauteur. Un grand escalier en colimaçon à la paroi vitrée rattache les deux édifices, qui sont faits de pierre grise, sale et terne, et tapissés de carreaux bleus en dessous des fenêtres. La cour est dépourvue de toute végétation, totalement goudronnée, quelques bancs sont disséminés ça et là. On accède à la construction par un escalier, qui donne sur la rue. La plupart des élèves vont là pour s’en griller une, où tout simplement pour se détendre avant de reprendre les cours.

Eléonore va rejoindre ses amis de première, alors que nous nous dirigeons vers Marie, Yohann et Lucille. Cette dernière est en train de fumer, alors que les deux autres sont à moitié avachis l’un sur l’autre.

-Salut…

-Coucou ! s’exclame Marie, au taquet.

-Vous étiez pas en cours hier ?...

Marie se met à glousser, et coule un regard attendri en direction de Yohann. Je rigole aussi.

-Ah ok. Lulu, tu me files une taffe ?

Lucille me fixe froidement, puis un mince sourire étire ses lèvres.

-T’arrêtes de m’appeler Lulu, et peut-être, ouais.

-Ok Lulu !

-T’es chiant ! Tiens, prends !

Je tire une bouffée de fumée, c’est agréable. Je la laisse descendre le long de ma gorge, avant de l’expulser par le nez. Marie, Camille et Lucille entament une grande discussion sur Sébastien, qui vient de passer devant nous.

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Commentaires
C
J'avais pas vu qu'il y avait une deuxième page ! <br /> Enfin c'est toujours aussi bien quoi <3
Vue-du-ciel
  • Quelques écrits, griffonnages, sans prétention aucune, tout simplement pour le plaisir de s'évader, même si ce n'est que le temps d'un chapitre. Writing is my passion. Writing is my best friend. Writing is my drug. Writing is my girlfriend.
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